Visions convergentes 2020
Depuis quelques mois j’ai retrouvé le plaisir de peindre des aquarelles et, en voyage ou en promenade, j’emmène souvent un carnet et une boite de couleurs. Je me suis demandé si je pouvais faire converger deux visions d’une même scène : celle du photographe et celle du coloriste.
J’ai donc commencé fin aout une recherche à partir d’un processus qui se déroule en 4 phases :
- Je prends une photo et parallèlement je fais une aquarelle sur mon carnet.
- Je projette ensuite cette photo avec u petit vidéoprojecteur sur une grande feuille de papier aquarelle et décalque les contours au crayon.
- Je colorie le dessin à partir des couleurs et de la lumière que j’avais perçu au moment de prendre la photo
- Finalement je projette de nouveau la photo sur l’aquarelle et photographie le tout
Il y a toujours un petit décalage entre la photo et les traits du contour du dessin, de même que, en se superposant, les couleurs de la photo ou celle de l’aquarelle prennent le pas l’une sur l’autre ou se fondent.
Ce décalage est l’objet même de ma recherche : quel décalage entre le réalisme de la photographie et la subjectivité du dessin et de la peinture. Il ne s’agit pas ici d’une les deux formes de l’image que sont la peinture et la photo mais d’un « entre deux » qui produit une déterritorialisation ; une confusion des territoires de l’une et de l’autre. Ce processus d’intensification de l’image permet de libérer l’image et de la dynamiser
L’été dernier j’ai été très impressionné par la lecture de la biographie de David Hockney faite par Catherine Cusset ainsi que par la lecture de son interview dans le monde après le confinement. Porté par la liberté de sa pensée, j’ai réalisé le début de cette série en cherchant à m’affranchir du classicisme souvent ennuyeux de la représentation du paysage en photographie. Suivant la pensée de Dretske sur la « représentation erronée » on pourrait alors avancer l’idée que la représentation ainsi réalisée est à mi chemin entre l’objet et notre perception de cet objet.